La tempête est passée, le malaise va s’apaiser. C’est en tout cas ce que voulait afficher, jeudi soir, Daniel Matergia, président du Seaff. Le syndicat des eaux de Fontoy - Vallée de la Fensch a, en effet, été sérieusement bousculé depuis deux ans. De multiples courriers anonymes ont dénoncé la gestion de la structure par l’ancien directeur général. Une enquête judiciaire (toujours en cours) a été ouverte. Ces remous ont conduit le conseil syndical à engager également un audit sur l’organisation interne et la gestion des ressources humaines. Le rapport d’audit, confié au cabinet KPMG, vient d’être soumis aux élus représentant les vingt-quatre communes adhérentes. Il sera présenté au personnel dans les prochains jours.

Basé sur des entretiens menés avec l’ensemble des soixante et un agents du syndicat et sur des questionnaires anonymes, le rapport pointe les forces et faiblesses de l’organisation et les pistes d’amélioration possibles.

Au titre des faiblesses, une ambiance de travail dégradée et conflictuelle, un « sentiment » d’iniquité est notamment mis en avant. Mais « notre force est d’être un syndicat connu et apprécié pour son sens du service public » a préféré souligner le président, reconnaissant toutefois la nécessité de faire évoluer le management et « un petit manque d’organisation. » Daniel Matergia a surtout insisté : « Nous avons fourni tous les documents demandés […] On est dans la légalité. »

La présentation de ce rapport n’a amené que très peu de commentaires de la part de l’ensemble des élus, si ce n’est la satisfaction de voir « les choses mises à plat. » 

Suite à cet audit, plusieurs mesures visant à assurer un fonctionnement plus transparent vont toutefois être mises en œuvre.

Une commission d’embauche va être créée. « Nous éviterons ainsi tout grief d’opacité », insiste Daniel Matergia. Cette commission devra être opérationnelle rapidement, le syndicat prévoit en effet l’embauche d’un ingénieur et directeur technique. « Un appui nécessaire. qui devrait nous permettre de réinternaliser certaines tâches ». Le syndicat va aussi mettre en œuvre de nouvelles procédures pour encadrer notamment les conditions d’attribution des logements ou véhicules de fonction, le partage des astreintes, etc. « Autant de points sur lesquels il y a eu beaucoup de fantasmes », assure le président. « On a changé de directeur général, une page s’est tournée. »

Qui en veut au Seaff ? Et pourquoi ? Pour l’instant, ces questions restent sans réponse. Le Syndicat eau et assainissement de Fontoy - Vallée de la Fensch finira peut-être un jour par remonter la piste de ces courriers anonymes qui tentent de le déstabiliser. Mais pour le moment, la priorité est de redorer son image. On lavera son linge sale en famille plus tard.

Son ancien secrétaire général Gilles Mordenti, dont la fille Angélique Brémont a pris la succession sans que personne n’y trouve à redire en interne, a d’abord été mis en cause par des courriers anonymes en novembre 2017. Puis la semaine dernière, c’est l’amicale du personnel, commun au Seaff et au SFL (Syndicat fensch lorraine), qui était incriminée. 8 600 € de la caisse (partiellement remboursés) auraient été dépensés à des fins irrégulières - mission au Vietnam, Relais Château, prêts individuels -, alors qu’il manquerait 2 450 € dans la caisse de la billetterie. Du coup, le Seaff, principal financeur, a décidé de ne plus lui verser sa subvention annuelle de 57 000 €.

Reste que l’image du syndicat en a pris un coup vu de l’extérieur. Même si, concrètement, il n’a pas grand-chose à se reprocher dans cette histoire.

Réuni jeudi soir, le comité a redit son agacement d’être mêlé à l’affaire. Son président, Daniel Matergia, a tenu à rassurer l’assemblée. Il a réaffirmé ce qu’il avait indiqué dans nos colonnes, vendredi dernier.

« Je veux être clair. Nos obligations ont été scrupuleusement respectées. L’association est gérée comme n’importe quelle association. Elle a un exécutif et des financeurs : nos deux syndicats (Seaff et SFL). Son action est de favoriser le lien et le rapprochement du personnel. Nos syndicats ne vont pas regarder le choix des actions menées par l’association. On n’a jamais été voir ce qu’il se passait dans le détail. Notre responsabilité, c’est de vérifier que la destination des fonds est conforme à l’objet de l’association. Voilà où s’arrête notre rôle. Il a été respecté. »

Pour le président Matergia, quelqu’un essaye de nuire délibérément au syndicat. La méthode irrite encore plus que le fond. « Il ne faut pas crier au loup avant d’avoir cherché les explications , a-t-il rappelé. Ce que j’observe, c’est que l’audit n’a pas fait l’objet de vérifications. Et on ne peut pas s’appuyer sur un audit tant que l’audit n’a pas réalisé de débat contradictoire. »

La priorité du comité est désormais d’être blanchi de tout soupçon. Des enquêtes sont en cours, à la fois sur la succession de Gilles Mordenti, mais aussi sur la gestion financière de l’amicale. D’ici là, Daniel Matergia prône la présomption d’innocence. « Il suffit d’un courrier anonyme pour jeter l’opprobre sur quelqu’un. Comme par hasard, ça arrive à la veille d’une fusion. J’appelle à la plus grande vaillance. Respectons ce principe d’innocence. »

Les courriers semblent toutefois avoir entamé la confiance de certains membres du comité. Guy Bonifazzi, vice-président délégué aux Travaux, n’a pas caché ses interrogations sur le fond des dossiers. Mais si la maison Seaff tremble, pour l’instant elle reste debout.

Des irrégularités ont été constatées dans la comptabilité de l’amicale du personnel du Syndicat des eaux et assainissement de Fontoy/vallée de la Fensch (RL du 16/02). Angélique Brémont, actuelle directrice générale des services, et l’ancienne trésorière de l’amicale, Fabienne Keppers, ont cosigné un certificat expliquant notamment la signature d’un chèque de 983,90 € Relais & Châteaux, qui «  avait pour objet la commande d’un séjour offert à l’occasion du départ de l’ancien président du Seaff  », en l’occurrence Christian Eckert, qui a présidé le syndicat durant une dizaine d’années. Aussi, elles ajoutent : «  Le chèque a été signé par inadvertance par Mme Brémont. Mme Keppers a ensuite signé le chèque sans penser que cela poserait de problèmes pour le paiement qui a effectivement été réalisé  ». Quant à la somme de 224 € remboursée, elle explique qu’il s’agit d’une autre opération, un remboursement de billetterie non utilisé pour l’entrée au château de Rodemack. Donc, rien à voir avec le séjour…

Un nouveau courrier de dénonciation concernant le Syndicat intercommunal Eau et Assainissement de Fontoy, Vallée de la Fensch (SEAFF) a été envoyé aux élus et aux autorités judiciaires et administratives. Cette fois-ci, il s’agit des comptes de l’amicale du personnel, commun au SEAFF et au SFL (Syndicat Fensch Lorraine). Il pose question. Plusieurs irrégularités ont été constatées par le bureau pour une période de plusieurs années, de 2006 à 2015. Un cabinet d’audit a été missionné pour effectuer des vérifications et confirmer les doutes du comité actuel.

Cette nouvelle affaire jette encore un peu plus l’opprobre sur ce syndicat intercommunal pourtant florissant, chargé de la gestion de l’eau dans plusieurs communes de l’arrondissement. Il mène d’ailleurs une politique d’expansion revendiquée, puisqu’une fusion avec d’autres syndicats est en préparation jusqu’au Contrat Rivière Woigot (CRW), ce qui lui permettrait d’étendre son emprise sur le territoire de neuf intercommunalités représentant pas moins de 200 000 habitants entre Moselle et Meurthe-et-Moselle.

Courant 2016 et 2017, plusieurs courriers anonymes ont dénoncé à la fois la gestion du SEAFF et la mainmise de la famille de l’ancien secrétaire général Gilles Mordenti sur la structure depuis des années, dont les conditions dans lesquelles il a cédé son fauteuil à sa fille, Angélique Brémont. Le jeu de chaises a eu lieu, sans que personne n’y trouve à redire en interne.

Une enquête de la section de recherches a cependant été ouverte et les investigations sont toujours en cours.

En revanche, le parquet de Thionville n’a été saisi d’aucune plainte pour diffamation, comme cela avait pourtant été évoqué à l’encontre de Patrick Peron, maire d’Algrange, qui s’était publiquement inquiété de la gestion du SEAFF. À l’évidence, il avait visé juste et ses détracteurs ont préféré faire profil bas. Sans que cela ne change quoi que ce soit, ceci dit, au comité syndical.

Cette fois-ci, les comptes de l’amicale révèlent de façon chiffrée et précise l’utilisation, à plusieurs reprises, de sommes d’argent qualifiées d’injustifiées. Le préjudice a été estimé à plus de 8600 €, après des remboursements partiels.

Dans ces sommes figurent le financement d’une mission au Vietnam, 6 000 € retirés du compte (en partie remboursés), un Relais et château pour 983 €, un trou dans la caisse de la billetterie pour 2450 € et des prêts individuels jamais remboursés pour 2770 €.

Plus que ces montants, c’est la façon dont ces dépenses ont été engagées depuis le compte de l’amicale qui jette le trouble, puisqu’elles n’ont fait l’objet d’aucune décision, parfois partiellement remboursées sans justification, et même pour l’une réglée par un chèque signé d’une personne qui ne possédait pas le pouvoir de signature…

Du coup, l’amicale du personnel se trouve en fâcheuse situation au niveau des finances. Rien de très surprenant sachant que depuis 2015, et l’élection d’un comité sans doute moins favorable à la direction, la subvention annuelle de 57 000 € n’est plus attribuée, tandis que celle du SFL continuerait d’être versée (6 000 €). Le président Daniel Matergia réclame des documents que l’association assure avoir déjà transmis ou estime ne pas avoir à fournir (relevés de compte, par exemple).

Des exigences qui n’auraient jamais existé par le passé, mais ça, le président le revendique.

Il n’est pas dupe. Dans le contexte actuel, qu’il qualifie lui-même de «  délétère  », le président du SEAFF, Daniel Matergia, accuse le coup. Mais il se dit «  serein  ». Tant face aux révélations de l’amicale que de l’enquête judiciaire en cours.

Selon lui, l’arrêt de la subvention à l’amicale s’explique : «  Elle tournait en sommeil avec 165 000 € sur les comptes en 2015. Or son objet n’est pas de faire de l’épargne mais d’utiliser l’argent au bénéfice des agents… Puisque je n’avais jamais vu un seul rapport j’ai décidé de tout arrêter tant que ce n’était pas carré et j’ai réclamé une nouvelle convention. Deux feuilles de comptes ne me suffisaient pas, je voulais les extraits bancaires sur un an, des comptes courants et des comptes d’épargne. Apparemment, mes réponses n’ont pas répondu aux attentes…  »

Quant à l’audit de l’amicale, le président se dit surpris : «  On fait un audit, sans intégrer les trois années de fonctionnement du comité actuel pour avoir une vision complète ? Cela m’interpelle… En trois ans, les 165 000 € ont été dépensés ?  » Sur le fond, il attend les réponses aux observations formulées lors de l’audit, de la part des anciens responsables de l’amicale. «  La moindre des choses est d’avoir une discussion contradictoire, c’est à eux de donner des réponses ! »

« Sur des allégations on salit le syndicat qui est un très bel outil au service de la population. »

N’ayant pas eu connaissance des courriers envoyés aux vice-présidents et aux autorités, il ne s’est pas exprimé dans le détail. «  Mais je ne comprends pas ce qu’on cherche, assure-t-il. Depuis deux ans, il y a un climat délétère au niveau du personnel, c’est pourquoi nous allons mener au premier semestre un audit de personnel. »

Pas sûr que cela s’avère suffisant pour mettre tout le monde d’accord. Et laissons l’enquête aboutir… Maintenant, s’il y a eu des malversations, nous prendrons les mesures qu’il faut en sanctionnant. En attendant, ça me peine car sur des allégations on salit le syndicat qui est un très bel outil au service de la population. Moi, mon rôle est d’assurer un service public aux habitants, de leur procurer une eau irréprochable et le moins cher possible. La situation du personnel est exceptionnelle et c’est aussi grâce au directeur général des services. Donc je suis dubitatif sur les raisons de ces accusations. Et il faut chercher d’où viennent ces bruits, qui ça arrange. Pour moi, tout ceci est très orienté. Des gens ne cessent d’attaquer l’image du SEAFF, il doit bien y avoir une raison. Est-ce à cause de crispations autour d’un homme ? Est-ce que lque chose de plus structuré ? »

On va pas se la cacher, y’a quand même un problème…  » Francis Langlois, adjoint au maire de Hayange, sera le premier à mettre les pieds dans le plat. L’ambiance autour du Seaff, syndicats des eaux de Fontoy Vallée de la Fensch, est lourde. Depuis plus d’un an, courriers anonymes et rumeurs circulent dénonçant de supposés abus de bien sociaux ou encore une gestion très "familiale" des ressources humaines du syndicat ( RL du 4 novembre ). En coulisses, les élus s’interrogent. De quoi plomber le débat sur la fusion envisagée du Seaff et des syndicats voisins Fensch-Lorraine et Contrat Rivière Woigot ( lire par ailleurs ). Une réunion informelle provoquée ce vendredi soir avec les élus des vingt-quatre communes membres en Moselle et Meurthe-et-Moselle, devait permettre de crever l’abcès. Mais chacun s’accordant pour souligner l’efficacité technique et le service public rendu par le syndicat (prix de l’eau maîtrisé, rendements supérieurs à la moyenne…), les élus sont restés extrêmement prudents dans les interrogations portées.

«  Climat lourd, ambiance délétère, attaques contre le syndicat… Je tiens à en parler  », assume finalement Daniel Matergia. Sans cacher sa «  tristesse  » et un énervement certain de voir ces affaires évoquées publiquement, le président du Seaff apportera bien sa réponse aux questions jusqu’alors évoquée à demi-mot.

Premier point sensible, la gestion du personnel au sein du syndicat. L’embauche récente de la fille du directeur général pour succéder à son père, lui-même resté chargé de mission, a fait grincer bien des dents. Mais Daniel Matergia assume. «  Elle a les diplômes, elle a les compétences… L’embauche reste de la responsabilité du président et l’on travaille avec qui l’on a confiance.  » Il ne manque pas de souligner que, à une abstention prêt, le bureau du Seaff a conforté ce choix. «  En politique il y a le droit et la morale…  », souffle tout de même Patrick Peron, maire d’Algrange. Pour couper court aux allégations, le président a surtout annoncé qu’un audit serait lancé sur la gestion des ressources humaines.

Plus délicat encore, Daniel Matergia a bien confirmé qu’une enquête judiciaire était en cours concernant notamment l’attribution des marchés publics. «  Il n’y a pas lieu de commenter mais je suis tout à fait serein  », insiste-t-il ne manquant pas de rappeler que le Seaff, et le personnel nommément mis en cause dans les courriers anonymes, avaient également porté plainte pour diffamation. «  C’est la première fois que je vois un outil qui fonctionne attaqué de cette manière. Il faudra bien se demander le pourquoi de ces attaques…  » En attendant que l’enquête en cours apporte une réponse.

Le sous-préfet de Thionville a été alerté par courrier sur le fonctionnement du syndicat des eaux de Fontoy, Vallée de la Fensch (Seaff) qui distribue l’eau et gère l’assainissement de vingt-quatre communes en Moselle et Meurthe-et-Moselle. Dans sa missive, le maire d’Algrange, Patrick Peron, s’interroge sur les marchés publics et la gestion du personnel et demande au sous-préfet de « mettre les pieds dans le plat ».

Un esprit de suspicion entoure le Seaff depuis plusieurs mois, depuis un courrier anonyme dénonçant toute une série de supposés abus de biens sociaux et soupçons de favoritisme. Une enquête judiciaire est en cours. Le Seaff a également porté plainte, pour diffamation. Les maires s’agitent. La rumeur bruisse, chacun y va de ses anecdotes et autres bizarreries, mais personne n’avait jusque-là pris publiquement la parole.

Désormais, c’est fait. Patrick Peron s’étonne : « Deux sociétés raflent tous les marchés depuis vingt-cinq ans. En dix ans de gestion municipale, je n’ai jamais connu pareille situation. La concurrence joue à plein. Il est rare de voir des entreprises retenues plusieurs fois de suite. Il y a de quoi s’interroger. »

Quant aux affaires internes, il apprécie peu que le directeur général des services, Gilles Mordanti, fasse embaucher ses enfants et son gendre, puis cède son confortable fauteuil à l’une de ses filles hors de toute procédure de recrutement. « Cerise sur le gâteau, il se crée un poste de chargé de mission », ajoute Patrick Peron, qui note au passage que l’intéressé est conseiller municipal dans la même commune où le président, Daniel Matergia, est maire, à Sancy (54)… Il évoque aussi le marché de la communication « qui serait attribué à un autre gendre du DGS ».

En réponse, Daniel Matergia réfute tout favoritisme : « Ces entreprises ont toujours été les moins-disantes. Je suis serein et si le sous-préfet veut vérifier, nous tenons tous les documents à sa disposition. Tout est conforme et transparent ». Au passage, il livre une petite pique « au délégué de la commune d’Algrange qui siège à la commission des appels d’offres et n’a jamais trouvé à y redire ». De toute façon, le sous-préfet ne semble pas vraiment avoir l’intention de s’y intéresser et répond pour le moment sur la forme uniquement, arguant « ne pas disposer des délibérations sur lesquelles se prononcer ».

Quant à la famille Mordanti, Daniel Matergia confirme : « Effectivement, c’est de ma responsabilité de président. Je le fais car nous savons que nous allons fusionner avec les syndicats Fensch Lorraine et du Woigot au 1er  janvier 2020. C’est un gros travail et Gilles Mordanti a souhaité se mettre en retrait pour s’y consacrer, ce qui permettra à sa fille d’avoir toutes ses chances lorsque nous lancerons une procédure d’appel à candidature pour le syndicat fusionné. Elle a les diplômes, elle est fonctionnaire au grade d’attachée principale et elle connaît parfaitement le fonctionnement du syndicat. » Il admet s’être posé quelques questions sur l’aspect moral de l’opération. Mais ses doutes ont été vite balayés : « Au bureau, tout le monde a reconnu ses compétences et n’y a vu aucune objection ». À l’évidence, les maires sont plus sceptiques.