Un bien bel article du Républicain Lorrain sur l'histoire d'Algrange.
Le double meurtre du mineur d’Algrange
En septembre 1912, Jean Berresheim plante la lame de son couteau dans les entrailles d’un voisin et celles d’un policier à Algrange. Un double crime suivi d’une exécution capitale ratée : le bourreau a dû finir le travail à la main.
C’est dans l’une de ces rues animées que le jeune homme éclusait les débits de boisson. Photo collection particulière Roland SEBBEN
Au début du XX e siècle, Algrange, cité des quatre mines, bouillonne de vie. C’est là que Jean Berresheim s’installe, après une enfance passée à Esch-sur-Alzette. Le garçon né en 1885 a été élevé par son père, devenu veuf alors que le petit n’était âgé que de 8 ans.
Principal héritage que Jean Berresheim garde de son géniteur : son fort penchant pour la bouteille. Devenu mineur de fer, le jeune homme entretient consciencieusement son habitude du « levage de coude ». Jusqu’à la pathologie puisqu’il semble que progressivement, son comportement change. Ivre, il devient agressif. À jeun, il laisse percer une certaine paranoïa.
Ses voisins en font régulièrement les frais, puisqu’ils sont menacés de mort si souvent qu’ils n’y prêtent même plus attention.
Un soir, Jean Berresheim entre dans l’une de ses habituelles colères et s’en prend à la terre entière. Posté dans la pénombre des escaliers de son immeuble, il sort son couteau devant le premier venu. Un mineur qui allait visiter des amis en fait les frais : il s’effondre, poignardé au bas-ventre. Il appelle au secours, on alerte la police : Berresheim ne bouge pas. L’agent Schmitz qui arrive le premier sur les lieux tente de le raisonner, lui demande de le suivre, s’approche doucement. Deuxième coup de couteau avant un corps à corps inégal. Le policier grièvement blessé tente de se défendre avec son bâton, tandis que l’agresseur poignarde à tour de bras.
L’arrivée de renforts met fin à ce combat. Jean Berresheim est interpellé tandis que l’on transporte les deux blessés, grièvement touchés, à l’hôpital des mineurs d’Algrange. Malheureusement, tous deux décèdent dans les jours qui suivent.
Les faits se déroulent en septembre 1912 et le jeune homme est présenté devant la cour d’assises de Metz dès le mois suivant. Il reconnaît les faits. Le verdict écarte toute circonstance atténuante et le jury prononce la peine de mort.
Vice de procédure, recours en grâce : rien ne permet au garçon d’échapper à l’échafaud.
L’exécution a lieu à Metz, un vendredi 13 du mois de mars 1914. La guillotine est érigée dans la cour de la prison messine devant un parterre de témoins.
Mais ce vendredi 13, le bourreau joue de malchance. Le couperet ne sectionne pas la tête entièrement. Il faut terminer le travail à la main, au couteau. L’horreur jusqu’au bout.
Prochaine affaire: l’assassinat du livreur des pâtes René Carton.
E. de R.